Quelle est votre première expérience dans le sport adapté et/ou le handisport ?
Ma première approche s’est faite il y a environ 18 ans avec la section Voile. Nous nous sommes occupés d’un groupe d’autistes avec qui nous avions été mis en contact par la responsable d’une association val-de-marnaise. Ils étaient une douzaine au début. Nous leur avons fait découvrir et pratiquer la voile. Le fonctionnement a tellement plu que, petit à petit, il a pris un caractère définitif.
Le résultat est probant : nous avons actuellement une douzaine de séances par an avec des jeunes autistes. L’intérêt de cette activité s’est révélé aux jeunes adhérents et particulièrement aux jeunes compétiteurs. Je leur ai demandé durant des années d’encadrer ces jeunes porteurs de handicap. Cette expérience a été pour eux un souvenir inoubliable. J’ai d’ailleurs récemment retrouvé l’une d’entre eux, Aurélie Chaumeil, à l’occasion de la rencontre « Sport Santé » et elle m’a dit : « Tu te souviens quand on s’occupait des autistes, quel plaisir cela m’a apporté. Peut-être même cela m’a-t-il incité à devenir médecin ». Quand on entend cela, on se dit que, quelque part, nous avons atteint notre but :sensibiliser et, bien sûr, aider notre prochain.
Au sein de l’Omnisports, le sport adapté date d’il y a bientôt 6 ans. Nous avons mis en place une section Sport-Handicap à la suite de la disparition d’une association Saint-Maurienne dont, en accord avec la ville de Saint-Maur, nous avons repris l’activité au sein de la VGA Saint-Maur pour la pérenniser. Nous avons organisé nos activités le samedi après-midi au Centre Gilbert Noël où nous recevons des associations et des individus porteurs de handicap. Depuis 2010 cette activité fonctionne très bien.
Quelle a été votre motivation personnelle dans la création de la section Sport-Handicap au sein de l’Omnisports ?
J’ai toujours été sensible à l’importance du regard qu’on porte sur les autres. Si ce regard-là m’était nécessaire, mon rôle de président était d’aller vers celles et ceux qui sont en situation de handicap pour les aider car il n’y a pas que les valides qui ont le droit de faire du sport et de s’amuser.
En créant la section Sport-Handicap, quelles difficultés avez-vous rencontré ou rencontrez-vous encore à l’heure actuelle ?
La première difficulté à laquelle nous avons été confrontés est l’accessibilité. La structure du Centre Gilbert Noël, notamment par l’absence d’ascenseur et la multiplicité des marches, complique la tâche pour le handisport. La ville de Saint-Maur doit le reconstruire ce qui devrait donc nous libérer de cette contrainte et nous permettre de recevoir enfin des handicapés moteurs dans une structure rendue accessible. Nous attendrons donc 2018, date de livraison prévue.
Le deuxième point était la question du financement. Du fait de leur handicap, toutes ces personnes ont déjà des frais supplémentaires importants et ne sont pas forcément aidées. Il fallait donc trouver et sensibiliser tous ceux qui pourraient nous soutenir et nous les avons trouvés : la Ville de Saint-Maur, la Direction Départementale de la Cohésion Sociale, des partenaires privés – notamment le Rotary Club -, et nos bénévoles.
D’où viennent les adhérents de la section Sport-Handicap ?
Il y a, à Saint-Maur, des associations avec lesquelles nous sommes en contact depuis quelques années. Nous leur avons proposé un projet qui les a vraiment tentées : celui du sport adapté. Mais, si le sport adapté est relativement simple à mettre en place, le handisport doit, lui, intégrer la définition particulière de la personne, ce qui rend la chose plus complexe. Mais je suis confiant en l’avenir du développement du handisport au sein de la section Sport-Handicap.
Quelles perspectives et quels espoirs placez-vous dans le développement de la section Sport-Handicap ?
C’est une large question à laquelle il n’est pas près d’avoir toutes les réponses. Déjà, il faudra des structures accessibles. Mais ce n’est pas de notre ressort et nous serons obligés de laisser faire le temps. Ensuite, si nous avons bien réussi l’insertion du sport adapté, qui compte environ 70 pratiquants chaque semaine, nous devons envisager avec toutes les sections l’insertion totale du handisport que certaines – tennis, pentathlon, sports d’eau, tennis de table – accueillent déjà. Nous constatons que plusieurs autres sections sont également prêtes à recevoir des handicapés et à les aider. Pour cela, le Conseil National pour le Développement du Sport et le Conseil départemental du Val-de-Marne vont nous aider à financer des fauteuils dédiés au sport, qu’il soit individuel ou collectif. A terme, l’idée est de multiplier les activités et tout ce qui peut rendre la pratique plus intéressante sans oublier les rencontres entre valides et handicapés.
Propos recueillis par Lou Clerc, étudiante à l’AMOS
© Photo Alaric de Laroque